L'IA : l'avenir de la musique ou une menace pour les créateurs ?

Un nouveau sujet brûlant fascine le monde et plus particulièrement l'espace technologique. Oui, nous parlons de l'expansion rapide des outils d'IA et, au cours des derniers mois, elle a également mis à l'épreuve la flexibilité de l'ensemble de l'écosystème musical.

Le 15 avril, le monde s'est réveillé avec la sortie d'une nouvelle chanson "heart on my sleeve".heart on my sleeveavec les superstars mondiales Drake et The Weeknd. La chanson est instantanément devenue extrêmement virale sur les médias sociaux, en particulier sur TikTok où les vidéos incluant la chanson ont accumulé plus de 15 millions de vues en quelques jours seulement.

Pas de quoi s'étonner, si ce n'est que la chanson n'a jamais été enregistrée par Drake ni par The Weeknd. Comment une telle chose est-elle possible, me direz-vous ? Eh bien, le morceau viral a été publié à l'origine par un utilisateur TikTok anonyme nommé Ghostwriter977, qui prétend avoir utilisé l'intelligence artificielle (IA) pour reproduire les voix de Drake et The Weeknd pour le morceau.

La musique générée par l'IA n'est pas quelque chose de nouveau. Comme le souligne CNN, la première chanson de Taryn Southern, "Break Free", qui a été composée et produite à l'aide de l'IA, a atteint le Top 100 des palmarès radio dès 2018. Cependant, à la différence du passé, "heart on my sleeve" a gagné un tel niveau d'attention principalement pour les trois raisons suivantes :

1. La chanson met en valeur les voix de deux des artistes les plus populaires du moment, ce qui serait difficile à ne pas remarquer.
2. La chanson est particulièrement entraînante et les fans du monde entier se sont rapidement enthousiasmés sur les différentes plateformes de médias sociaux car, contrairement au passé, la chanson semble beaucoup plus réaliste et susceptible d'être réelle, par rapport aux anciennes chansons générées par l'IA. À l'heure actuelle, il est de moins en moins intuitif de savoir si l'on écoute une "vraie" chanson créée par l'homme - peut-être une fuite, comme la plupart des auditeurs pensaient que c'était le cas ici - ou une chanson générée par l'IA.
3. De manière inattendue, le titre a réussi à être diffusé sur des plateformes de streaming telles que Spotify, Apple Music, Deezer, TIDAL, gagnant près de 700 000 streams sur Spotify uniquement en deux jours avant d'être retiré. Cette affaire a suscité une vive controverse parmi les professionnels et les passionnés de l'industrie musicale, notamment à la suite de la récente mise en garde d'Universal Music Group à l'égard des services de diffusion en continu au sujet de l'intelligence artificielle.

Comme on pouvait s'y attendre, à la suite de la revendication des droits d'auteur par Universal Music Group, le titre a été retiré de tous les principaux services de diffusion en continu et les vidéos originales ont été retirées de YouTube et de TikTok. Pourtant, il est toujours possible d'écouter le titre par le biais de "contenu généré par l'utilisateur" sur YouTube, SoundCloud et TikTok, les utilisateurs ayant retéléchargé l'enregistrement (que ce soit en audio ou en vidéo) sur leurs propres chaînes.

Le morceau a suscité une telle attention, en particulier sur TikTok, que dans les jours qui ont suivi, il était extrêmement facile de tomber sur des morceaux générés par l'IA reproduisant les voix de certains des artistes les plus vendus au monde (par exemple Kanye West, Travis Scott, Ariana Grande, Rihanna, Drake, et bien d'autres), les bases de fans mondiales semblant apprécier et demander de plus en plus de contenu musical généré par l'IA.

Alors que le sujet gagne en importance, adaptons nos perspectives et faisons quelques considérations sur l'utilisation de l'IA dans l'industrie musicale, sans entrer dans des détails techniques qui risqueraient de compliquer notre compréhension du sujet.

S'agit-il uniquement d'IA ou d'une touche humaine ?

Le titre "Heart on my sleeve" et la plupart des autres musiques générées par l'IA qui connaissent actuellement une certaine viralité ne sont pas entièrement générés par l'IA seule: quelqu'un n'a pas simplement "tapé" sur un robot d'IA "fais-moi une chanson de Drake et The Weeknd" pour qu'il en sorte un banger.

La plupart de ces morceaux sont plutôt réalisés par de vraies personnes, qui ont créé un vrai rythme, écrit (ou au moins coécrit) les paroles, les ont enregistrées et ont utilisé l'IA pour les faire sonner comme celles d'un artiste célèbre. Ces logiciels d'IA sont formés à partir d'énormes ensembles de données de voix d'artistes, qui sont ensuite mappés sur un fichier audio qui transforme votre enregistrement vocal en celui de l'artiste que vous souhaitez.

Cela signifie que l 'IA n'est (pour l'instant) pas encore en mesure de créer des compositions originales par elle-même. Le goût et le talent personnels jouent toujours un rôle clé dans la création musicale.

Menace ou opportunité ?

Les réactions de l'industrie musicale à l'égard de la mise en œuvre de l'IA sont partagées. Alors que certains y voient une opportunité potentielle de monétisation étendue des droits musicaux, d'autres y voient une menace existentielle pour l'ensemble de l'écosystème musical.

Universal Music Group, par exemple, a déclaré publiquement que la formation d'IA générative utilisant la musique de ses artistes constituait une violation de la loi sur les droits d'auteur. Toutefois, comme le souligne la BBC, cette position n'a pas encore été testée devant les tribunaux et reste une zone d'ombre juridique. D'autres professionnels préconisent plutôt l'adoption de la technologie de l'IA et la recherche de moyens efficaces de la monétiser. Dans cette optique, la chanteuse canadienne Grimes a récemment invité des musiciens à créer de nouvelles chansons avec sa voix en utilisant l'intelligence artificielle, en précisant qu'elle partagerait 50 % des royalties de tout titre généré par l'IA qui inclurait sa voix.

De nombreuses solutions différentes ont été envisagées au cours des dernières semaines pour réglementer l'utilisation de l'IA dans le domaine de la musique. L'une d'entre elles consiste à octroyer des licences d'utilisation de catalogues musicaux aux développeurs de logiciels d'IA pour qu'ils puissent utiliser sous licence les droits musicaux dans leurs ensembles de données d'apprentissage. Une autre suggestion consiste à utiliser la reconnaissance vocale et la détection pilotées par l'IA dans les services de streaming afin d'identifier et de signaler de manière proactive les téléchargements non autorisés. Enfin, certains proposent de percevoir des royalties chaque fois qu'une chanson générée par l'IA et comportant la voix d'un artiste spécifique est diffusée. Toutefois, le cadre juridique entourant les chansons générées par l'IA reste flou, et il n'est pas certain qu'elles soient traitées juridiquement comme des compositions originales ou des copies. Au fur et à mesure que la technologie progresse, on peut s'attendre à ce que des cadres juridiques plus clairs soient bientôt mis en place sur ce sujet.

Toutes ces idées et propositions restent théoriques et seul l'avenir nous dira quel traitement l'industrie musicale réservera à l'IA. Ce qui est certain, c'est que les fans du monde entier semblent apprécier de plus en plus la musique générée par l'IA et, à l'heure actuelle, de plus en plus de musique générée par l'IA est créée et publiée chaque jour sur les médias sociaux.

Comme bien d'autres fois dans le passé, l'industrie musicale confirme qu'elle est l'une des premières à être perturbée par les nouvelles technologies émergentes. Des temps passionnants nous attendent, et pour citer Drake : "Voyons ce qui va se passer ensuite, d'accord ?

*CET ARTICLE N'A PAS ÉTÉ RÉDIGÉ À L'AIDE DE L'IA*.